Philippe Couture – 37e AVENUE

Une première enquête sur les salaires dans les organismes communautaires du Québec révèle que les bas salaires offerts nuisent à l’attractivité d’employés de qualité.

Même si les employés des organismes communautaires sont souvent détenteurs de diplômes universitaires, leur taux horaire demeure bas, parfois proche ou en dessous des 15$ l’heure. C’est le cas de la plupart des animateurs communautaires, dont le salaire dépasse rarement un taux horaire de 16$. Les intervenants de milieu, eux, peuvent être payés jusqu’à 19$ l’heure. Même le salaire des directeurs d’organismes dépasse rarement 26$ l’heure.

L’enquête publiée par le Comité sectoriel de main d’œuvre Économie sociale et action communautaire (CSMO-ÉSAC), à laquelle ont collaboré les regroupements régionaux des 17 régions administratives du Québec, concerne plus de 3000 organismes communautaires autonomes œuvrant principalement dans le secteur de la santé et des services sociaux. Ces bas salaires touchent un bassin moyen de 24 000 employés à l’échelle de la province, et l’enquête révèle aussi que le tiers d’entre eux fait partie des minorités visibles ou sont des nouveaux arrivants.

L’étude indique que, « dans 37% des organismes, on retrouve des femmes occupant les postes à temps plein détenant un diplôme universitaire. Dans 22% des organismes, on retrouve des hommes occupant les postes à temps plein et détenant un diplôme universitaire. Dans 41% et 19% des organismes, on retrouve, respectivement, des femmes ou des hommes occupant les postes à temps plein détenant un diplôme collégial ».

Difficile d’attirer les bonnes candidatures

Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, les organismes communautaires ont de plus en plus de mal à recruter les employés les plus compétents.

Et pourtant, « ces organismes se sont dotés d’avantages concurrentiels qui permettent d’amoindrir quelque peu les faibles taux horaires offerts à leurs employés », constate Lynda Binhas, chercheure du CSMO-ÉSAC.

Les organismes ont intégré des mesures telles que celle de la conciliation famille-travail (dans 44% des organismes) et proposent à leurs employés des avantages tels que l’autonomie au travail (dans 98% des organismes), la diversification des tâches (96% des organismes), la participation aux décisions (89%), des horaires flexibles (73%), des mécanismes pour éviter la surcharge de travail (72%), la participation à des comités (58%).

Est-ce bien suffisant? La CTROC croit que non et réclame un meilleur financement public, pour pouvoir augmenter les salaires et offrir davantage de postes permanents, les emplois du secteur étant souvent offerts à contrat.

Concrètement, les employés du communautaire bénéficient en moyenne, de 10 jours de congés sociaux par année, d’au minimum cinq semaines et au maximum huit semaines de vacances annuelles. Ces conditions, enviables, ne suffisent pas à attirer et à fidéliser la main d’oeuvre.

Qui plus est, le milieu communautaire n’est pas un petit joueur de notre économie. Selon Claudelle Cyr, représentante de la CTROC, « cette enquête démontre clairement que l’apport du milieu communautaire en santé et services sociaux est considérable, socialement, mais aussi économiquement, par le nombre d’emplois créés et les investissements réalisés dans l’activité économique locale. »

 

Source : Journal de Montréal 

 

Vous pouvez consulter le rapport sur l’Enquête salariale des organismes communautaires autonomes oeuvrant dans le secteur de la santé et des services sociaux, ou encore les Faits saillants de l’enquête.