WATERVILLE. Trois adolescentes qui fréquentent la Maison des jeunes de Waterville ont remporté le concours provincial AGIS contre l’intimidation. Leur histoire sur le «coming out» d’une jeune asexuelle a su charmer le jury.
À titre de récompense, leur scénario sera réalisé professionnellement dans une capsule de trois minutes par l’organisme Interligne, en collaboration avec le Grand Prix Desjardins.
«Lorsqu’on m’a appelée pour m’en informer, disons que j’ai capoté ma vie, raconte avec un grand enthousiasme Anouck Prince. J’attendais de voir la vidéo sur les réseaux sociaux qui annonçait les gagnants. Quand je l’ai vue, c’est venu officialiser le tout.»
«On peut dire que c’était une victoire complètement inattendue», rigole pour sa part Sarah-Maude Veilleux.
Les deux adolescentes de 16 ans, qui ont uni leurs forces à celles Naomi Veilleux, 18 ans, ont travaillé fort à l’élaboration du scénario. Leurs efforts ont d’ailleurs été applaudis par la coordonnatrice de la Maison des jeunes de Waterville, Émilie Handfield-Dutremble. «J’ai eu la chance de lire leur texte et j’ai été impressionnée par leur professionnalisme. J’étais littéralement plongée dans leur histoire et je ne voulais même pas être dérangée avant de l’avoir terminée. Ça ne me surprend donc pas qu’elles aient été choisies.»
Notons que les jeunes scénaristes seront invitées à Montréal afin d’assister au tournage de leur scénario, lors de la Semaine de relâche. Les comédiennes Sophie Paradis et Gabrielle Boulianne-Tremblay les accompagneront dans leurs démarches. «On a entièrement confiance en l’équipe de livrer notre message de façon authentique», soulignent les principales intéressées.
Le résultat devrait être mis en ligne sur les différentes plateformes de l’organisme Interligne au début avril.
Une histoire qui résonne
L’histoire de l’adolescente qui révèle à ses parents son asexualité résonne chez Sarah-Maude Veilleux, qui s’identifie elle-même comme asexuelle, ce qui veut dire qu’elle ne ressent peu ou pas d’attirance sexuelle envers qui que ce soit. «Ce n’est pas mon histoire, confie-t-elle. Mais j’ai voulu m’investir à fond, car il s’agit d’un sujet qui me tient à cœur.»
Et ce n’est pas parce que ses deux autres collègues ne vivent pas cette réalité qu’elles n’ont pas eu leur mot à dire dans l’élaboration du scénario. «On a lancé nos idées et on a été très franche envers nous-mêmes», explique Anouck.
«Je crois qu’on avait envie d’aborder un sujet dont très peu de personnes parlent. En tant que personne asexuelle, j’ai probablement amené certaines notions aux personnages, une certaine profondeur aussi.»
Contrairement au personnage qu’elle a créé, Sarah-Maude n’a pas cru bon faire un «coming out» proprement dit. «Si le sujet s’amène dans la discussion, j’en parle tout simplement, mais je n’en fais pas un plat. J’ai la chance d’avoir une famille et des amis très ouverts.»
«Je ne connaissais peut-être pas l’étiquette de « personne asexuelle » avant, mais je savais que je me définissais ainsi. Il y en a qui ne comprennent peut-être pas, mais c’est correct. Justement, en faisant un court métrage, on va faciliter la conversation.»
«C’est important d’en parler, croit sa collègue. À la base, l’intimidation, l’homophobie et la peur de la diversité des genres, ça part d’une certaine méconnaissance. Si on réussit ce pari, je pense qu’on va avoir gagné une autre fois.»